L'affaire d'Outreau, du nom de cette ville de la banlieue boulonnaise où se seraient déroulés les faits présumés, est une affaire pénale d'abus sexuel sur mineurs. Douze enfants sont reconnus victimes par la Justice de viols, d'agressions sexuelles et de corruption de mineurs. Elle a émis en évidence les dysfonctionnements de l'institution judiciaire et de l’expertise psychiatrique.
Rappel des faits: Les enfants de Mme et M Delay sont placés dans des familles d’accueil en 2000 par la demande expresse de leur mère qui dénonçait alors la violence de son mari. Quelques mois plus tard, les enfants confient à leurs assistantes familiales de choses que leur auraient fait subir certaines personnes. Immédiatement les services sociaux (SS) sont alertés et la direction de l’enfance du Pas-de-Calais fait un signalement au procureur qui déclenche une action publique.
L'instruction se clôt en 2003 par une ordonnance de mise en accusation. Elle est confiée au juge d'instruction Fabrice Burgaud qui, sur la dénonciation des enfants, finit par mettre plusieurs personnes en examen. Dix-huit d'entre elles, qui pourtant ont toujours clamé leur innocence, sont écrouées en détention provisoire. Certaines y restent un an, d'autres plus de trois ans, l'une d'elles meurt en prison.
En effet, les enfants du couple Delay en voyant leurs parents incarcérés se vengent en révélant la présence d'autres enfants lors de viols en réunion. Les autres enfants, identifiés avec les déclarations de quatre adultes mis en examen, ont été tous placés en famille d'accueil, entre autres, et parce que les experts psy nommés par le juge ont interprété leurs propos dans le sens des actes pédophiles subies.
Et c’est là que ça se corse pour la place et le poids réel des éléments de preuve fournis par les prétendues expertises psychologiques/psychiatriques car nous connaissons la fin – en appel, la vérité éclate et l'ensemble des accusés sont acquittés car les enfants ont reconnu avoir menti. Comment dans ce cas les „experts“ ont pu validés leurs paroles ? La mauvaise qualité de leurs expertises est-elle due au tarif bas comparable, comme l’un d’eux s’est défendu, à celui „pratiqué par les femmes de ménage“ ? Mais dans ce cas où est la conscience professionnelle de celui qui par ses conclusions mensongères entre dans le rôle du bourreau ? Ou la cause c’est, tout simplement, que les expertises sont complaisantes, en accord avec la thèse accusatrice du juge, afin que l’„expert“ soit apprécié par lui et ses services sollicités de nouveau ?!
Quelle que soit la raison le résultat est plus que accablant pour le véritable rôle de l’expertises psy dans ce procès – des individus brisés, un mort, des familles ruinées et/ou détruites, des enfants traumatisés par leur placement injuste dans des familles d’accueil… Et ce sera ainsi jusqu'à ce que les experts ne soient plus désignés par le juge.
Cinq jours à peine après le verdict de la Cour d'appel (et 5 ans après le début de l’affaire), le président de la République, Jacques Chirac, en exprimant aux victimes toute son émotion et ses regrets et excuses, a précisé que des enquêtes seront lancées sur cette „ catastrophe judiciaire“ et que toutes les conséquences en seront tirées… Depuis se sont écoulées 2 fois 5 ans. Le seul résultat - le 1er septembre 2011, le fautif juge provincial Burgaud a été nommé magistrat du premier grade à la Cour de cassation...
Boris Tanusheff