SDF : un lien entre rupture familiale, placement (ASE) et la rue

Jeunes SDF (www.housethehomeless.org)

L'article est publié avec la permission du site Aidants des Sans-Abris, SDF et Exclus : http://www.sans-abris-sdf-exclus.com/article-sdf-un-lien-entre-rupture-familiale-placement-ase-et-la-rue-104253049.html


Les SDF ont en commun de disposer d'un "capital mobilisable" fragile pour s'en sortir dans la vie : seuls 11,3 % peuvent compter sur un appui familial "en cas de besoin" et l'héritage sociofamilial les expose à la précarité au moindre accident de la vie.

Selon une enquête de l’Institut national des études démographiques (INED) en 2006, 40% des SDF âgés de 18 à 24 ans sortiraient du dispositif de protection de l'Aide Social à l’Enfance (ASE). Jean-Louis Mahé, psychologue clinicien, est allé à la rencontre de dix adultes qui furent des enfants placés. " Certains se sont construit une vie qui semble leur convenir. D’autres au contraire se sont englués dans la galère ".

Selon cette étude, " Parmi les événements survenus durant l’enfance et l’adolescence, le placement mérite une attention particulière. Les personnes ayant été "placées" sont largement sur-représentées parmi les populations sans domicile (estimées à 23 % sur cette enquête de l’Insee, à comparer à 2 % en population générale logée), en particulier parmi les plus jeunes, et ce phénomène s’observe aussi dans d’autres pays occidentaux comme les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne (Firdion, 2004) ".

Des études nord-américaines ont montré que " le placement durant la jeunesse se trouve associé à des difficultés sociales à l’âge adulte, ce que confirment des observations en France(...). L’interrogation porte donc sur le lien possible entre le placement durant l’enfance et une vulnérabilité particulière de ces jeunes "placés", une fois devenus adultes ".

Elles soulignent que " la fin de la prise en charge de ces jeunes par l’Aide Sociale à l’Enfance est certainement un cap difficile à franchir, l’émancipation devant se faire à 18 ans sans que ces jeunes adultes aient toujours accédé à l’indépendance économique et sans qu’ils puissent toujours bénéficier de l’aide de leur famille, qui n’existe plus ou avec qui les liens ont été rompus, ou trop distendus ".

En témoigne l'histoire de ce jeune homme qui publie sur Retour vers le passé son enfance chaotique et très perturbée.

Avant son troisième anniversaire, il a déjà vécu le départ de sa mère biologique du foyer familial, un passage chez deux nourrices et une grand mère avant un retour chez son père biologique et sa nouvelle compagne soldé par un abandon dans la rue à 3 ans !

L’ASE le place en foyer puis en famille d'accueil avant une tentative de retour chez son père où brutalités et violences se succèdent… A 5 ans retour à la case foyer et famille d'accueil où il trouve pour la première fois la stabilité et l’affection. A 8 ans, l’ASE l’en "arrache" pour le mettre à l’adoption auprès d’une famille avec laquelle les rapports se distendent avant d’avoir été noués… Suivent 4 ans de précarité et de rue avant qu’il ne parvienne à se construire professionnellement. Mais pour le moment, sa fragilité et ses interrogations freinent encore ses désirs de vie amoureuse, de couple et de parentalité.

Bref, les chiffres sont énormes, comparés à la population française au sein de laquelle seulement 1 à 2 % des personnes ont été placées. L'impact des traumas juvéniles, " qui altèrent l'estime de soi et affectent les ressources mobilisables " à l'âge adulte, s'observe aussi aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada. Quels que soient les pays, ou les législations en matière de protection de l'enfance, " le placement durant la jeunesse se trouve associé à des difficultés sociales à l'âge adulte. Il y a une intrication du psychologique et du social ".

Imbrication. Mais les auteurs de l'enquête affirment qu'il est impossible d'établir des "liens de causalité simple" des événements de jeunesse sur les fragilités à l'âge adulte, tant les choses sont imbriquées. " Est-ce la déchirure du placement ou sont-ce les événements qui ont provoqué le placement (violences familiales, mort précoce des parents...) qui conduisent à ces fragilités ? ", s'interroge Jean-Marie Firdion, un chercheur de l'Ined qui a recueilli des témoignages divergents montrant la complexité des situations.

Sources : SERAFINI Tonino pour Libération (2006) / Jacky Durand pour Libération (2009)

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Commentaires (1)

1. Didier Gellenoncourt 26/07/2012

Je mets fortement en cause le placement des jeunes, enfants ou adolescents car il est vrai que cela créé une déchirure familiale qui parfois peut causer bien des dégâts psychologiques et parfois même des changements de caractère que j'ai constaté chez l'adolescent, car il est si facile de le manipuler et de lui bourrer le crâne à cet âge-là. Un éducateur me disait récemment qu'il était pour plus de milieux style internats en milieu école mais moi je dis que la place d'un enfant est avec sa famille, sauf si l'enfant ou l'adolescent désire aller en internat, mais cela ne devrait pas lui être imposé. J'ai quelques copins qui étaient en internat volontairement ou involontairement qui ont mal tourné car une fois qu'ils en sont sortis, ils n'avaient plus personne pour les accueillir donc lâchés dans la nature. Moi je dis oui à la vie en famille et ma fille Loréliane aura toujours sa place à la maison (voir mon témoignage sur ce site alors que la juge pour enfants nous enlève notre fille Loréliane qui a 16 ans et demi, ceci d'après rapport calomnieux). Je suis peut-être handicapé, mais Loréliane est ma fille et ma bataille. Connaissez-vous le livre "Jamais sans ma fille" ? Là est ma lutte et honte au système sociale actuel !


Didier Gellenoncourt

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